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au premier rang, il trouva le roi lui-même, le comte d’Artois et ses fils. Loin de le blâmer, ils l’approuvaient d’avoir tout tenté pour étouffer, dès sa naissance, une insurrection qui, dans les circonstances où elle fut entreprise, ne pouvait réussir et qui parut justifier les exactions dont furent victimes pendant les Cent-Jours les départements où elle avait éclaté. Quant à Fouché, il déclarait, dès lors, n’avoir agi que dans l’intérêt du roi. Conformément à ses prévisions, il était devenu ministre de la Police de Louis XVIII, après l’avoir été sous Napoléon, singulier spectacle offert à l’Europe et qui arrachait à Wellington ce cri significatif :

– Quelles gens que ces Bourbons ! Il est plus facile de leur faire accepter un régicide qu’une idée raisonnable.

Telle fut l’insurrection de 1815, la dernière prise d’armes des royalistes de l’Ouest. Dans son organisation et ses effets, elle ressemble si peu aux guerres épiques de la chouannerie que, bien qu’elle s’y rattache par les grands souvenirs que rappellent les noms de ceux qui la commandèrent, elle n’apparaît dans l’histoire que comme un point perdu, un épisode oublié dont il n’y aurait pas même lieu de faire mention si trois généraux vendéens : Charette, Louis de La Rochejaquelein et Suzannet n’y avaient trouvé la mort.

À la même époque, une tentative fut faite par les chouans de Normandie. Le général duc d’Aumont, commandant la quatorzième division militaire formée des départements du Calvados, de l’Orne et de la Manche, s’était, dès le retour de Napoléon, réfugié à Jersey. Dans le courant de juin, il entreprit de débarquer sur les rives normandes avec un petit corps de volontaires composé de cent trente-trois officiers, parmi lesquels se trouvaient plusieurs anciens compagnons de Frotté et