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aux négociateurs une récompense pour avoir contribué à la pacification. Mais il fut supprimé sur leur demande. Il était dit enfin dans ce projet de traité que l’Empereur s’en rapportait à la loyauté des signataires pour la remise des armes et des munitions de guerre débarquées par les Anglais.

Par ces conditions si honorables pour les Vendéens, on peut juger combien était ardent le désir que nourrissait l’Empereur d’en finir avec les troubles de Vendée et de rentrer en possession de quelques milliers d’hommes immobilisés dans l’Ouest. Mais ce désir, les chefs chouans ne le partageaient pas au même degré. Soit qu’ils eussent l’espoir d’une diversion prochaine par suite des événements extérieurs, soit que leurs incertitudes fussent occasionnées par la rareté de leurs communications et leur défaut d’entente, ils semblaient vouloir retarder sans cesse les pourparlers.

Lamarque, de son côté, s’obstinait à ne pas désarmer ; ses troupes ravageaient le pays. Le 15 juin, il écrit de Challans à Malartic : « Je désire autant que vous la pacification… Je ne puis pas arrêter la marche de mes colonnes et un mouvement combiné. Mais, au premier mot que ces Messieurs veulent traiter, toutes les hostilités cesseront. Soyez sûr que prévenir l’effusion du sang français est toute mon ambition. » Le 20 juin, après l’affaire de Rocheservière, où Suzannet fut tué, il parut disposé à prendre une attitude moins intraitable. Il envoya à chaque chef vendéen une lettre de pacification. « C’est du champ de bataille de Rocheservière, où il n’a été versé que du sang français, et au moment où il me serait facile de suivre mes succès, que je vous propose de nouveau de donner la paix aux départements de l’Ouest. Militaire, je ne vous offrirai que des conditions compatibles avec l’honneur et qui concilieront vos intérêts et