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à lui-même une autorité efficace sur des troupes qui ne le connaissaient pas. Il était inférieur en grade à d’Autichamp et à Suzannet. Ils se croyaient mieux en état que lui d’exercer le commandement suprême. En outre, tout en se vantant de l’avoir reçu des mains du roi, à titre provisoire, il n’en fournissait aucune preuve. Et en fait il se l’adjugeait sans y avoir été autorisé, à en croire du moins ce passage d’une lettre que lui adressait, le 11 juin, le duc de Feltre : « Quoique satisfait de votre conduite, le roi ne peut approuver que vous ayez pris, même provisoirement, le titre de général en chef. »

D’Autichamp et Suzannet se soumirent. Mais ils restèrent ulcérés par ce qu’ils considéraient comme une humiliation. Il est d’ailleurs assez difficile, en présence du caractère confus et contradictoire des documents manuscrits ou imprimés, de tirer au clair la vérité en ce qui touche cette affaire. Ce qu’on peut affirmer avec plus de précision, c’est que plusieurs officiers royalistes, accourus pour combattre en faveur du roi, se retirèrent, effrayés par les périls que créait à l’insurrection naissante le conflit survenu entre les chefs chouans.

Parmi ceux qui préférèrent s’éloigner se trouvait le général Tercier, ancien combattant de l’Ouest, accouru à Angers à la nouvelle du retour de l’Empereur. Il était prêt à reprendre, dans les rangs des insurgés, un emploi de son grade. Mais il fut épouvanté par les cabales et les rivalités qui naissaient à toute minute. « Chacun se démenait, a-t-il écrit, s’agitait pour avoir les premiers postes de l’armée. » Il se hâta de repartir.


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