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prince de La Trémoille, à y aller à sa place en lui déléguant une autorité toute pareille à celle que lui-même tenait de Louis XVIII. C’était si peu de chose par rapport à ce qui eût été nécessaire que les royalistes nantais, après avoir reçu le commissaire du roi avec enthousiasme lorsqu’ils le croyaient en possession de pouvoirs extraordinaires, éprouvèrent le plus amer découragement quand ils surent à quoi ces pouvoirs se réduisaient.

La Trémoille distribua à d’anciens officiers des légions vendéennes, accourus à Nantes, le peu d’argent qu’on lui avait remis à son départ de Paris ou envoyé depuis. Ce devoir accompli, il allait retourner à Angers. Mais il fut appelé à Rennes. Un soulèvement s’y préparait en faveur de Napoléon. En quittant Nantes, il y laissait Flavigny comme commissaire du roi. Flavigny se hâta d’écrire de nouveau au duc de Bourbon pour le supplier de se montrer aux Nantais. Mais le dernier survivant des Condé, dépourvu de toute énergie et de tout esprit d’initiative, loin de songer à faire ce voyage, venait de partir pour Beaupréau et de s’installer au château de la maréchale d’Aubeterre, sans savoir encore ce qu’il y ferait. À la même heure, l’aide de camp envoyé par d’Autichamp à Paris rentrait à Angers sans avoir rien obtenu. Les ministres du roi persévéraient dans la volonté d’enrégimenter les chouans et de les entraîner loin de leur pays. D’Autichamp n’était autorisé qu’à organiser des bataillons nationaux, composés par moitié de troupes de ligne et d’anciens Vendéens et commandés par des officiers ayant, sous la Révolution et l’Empire, servi dans l’armée régulière.

Ainsi, d’Autichamp à Angers et Flavigny à Nantes se trouvaient dans l’impossibilité de donner à la guerre la physionomie et l’impulsion que, dans leur pensée,