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Le chevalier de Coigny, dit Gros-Voisin, dans sa détresse, va se confier à Joséphine dont il est l’ami. Elle le met sous la protection du général Morand, gouverneur de Paris. Il y demeure caché durant quelques jours. Mais il finit par y être découvert et arrêté. Le général Morand expie sa conduite généreuse par la perte de son commandement. Coigny parvient d’ailleurs, grâce à la protection de la femme du premier Consul, à sauver sa vie et à recouvrer sa liberté. Quant à Hyde de Neuville, en ce moment, il est à Londres avec Georges et c’est en vain que Fouché, qui le croit à Paris, met pour le découvrir ses meilleurs limiers en campagne.

Ainsi, lorsque Napoléon s’empare du pouvoir, il a devant lui tout un monde d’aventuriers, accoutumés à la vie nomade, aux expédients qu’elle engendre, à la violence, à l’espionnage, à la trahison. Cette tourbe, en dépit de la diversité de ses origines, a un point commun : elle répugne à rentrer dans l’ordre. De tous côtés, ce ne sont que bandes armées qui vivent sur le pays et dont les ennemis de la France utilisent les méfaits pour l’accomplissement de leurs desseins. Le Midi est la proie des anciens thermidoriens, compagnons de Jéhu et chauffeurs, dont les premiers crimes se sont colorés du prétexte de vengeances politiques et qui, ces vengeances satisfaites, ne sont plus que des voleurs de grands chemins, arrêtant les diligences, détroussant les voyageurs, pillant les recettes du Trésor public. Ces légions de bandits se grossissent bientôt des déserteurs et des réfractaires dont le nombre ne cessera de s’accroître jusqu’à la fin de l’Empire.

L’Ouest gémit sous les excès des chouans, ou plutôt, de ce qui reste de leurs bataillons, hommes de coups de main, prêts à tout, bons à tout, qui n’ont pas voulu désarmer et qui s’entretiennent le bras par des actes de