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Après ces tragiques événements, on comprit à Jersey et à Londres que toutes les tentatives analogues subiraient le même sort. Le Comité royaliste se résigna à rester les bras croisés, à attendre des circonstances meilleures, conformément à l’avis du roi qui ne cessait de désapprouver les expéditions partielles. Mais cette attente ne dura que quelques semaines. Au commencement de 1813, la destruction des armées françaises en Russie, leur défaite en Saxe, leur retraite précipitée en deçà du Rhin, l’intention manifestée par les alliés de mettre un terme à la tyrannie de Napoléon firent revivre dans le cœur des émigrés les espérances depuis longtemps perdues. À ces espérances renaissantes, Louis XVIII s’associa, et, cette fois, ce fut lui qui autorisa ses partisans à se jeter en Normandie et en Bretagne pour y réveiller l’esprit royaliste et y prêcher l’insurrection.

Par ses ordres, Auguste de La Rochejaquelein, le plus jeune frère de Henri et de Louis, Michelot-Moulin, jadis compagnon de Louis de Frotté, le comte de Suzannet, le marquis d’Autichamp, d’autres plus obscurs partirent de leur retraite et consacrèrent l’hiver de 1813-1814 à parcourir les provinces où ils avaient déjà combattu, ranimant le zèle de leurs anciens soldats, les préparant à un soulèvement. Soit qu’ils fussent plus habiles que leurs prédécesseurs, soit que la police, en prévision du rétablissement de la royauté, crût prudent de se relâcher de ses rigueurs envers les chouans, les émissaires royaux échappèrent cette fois à tous les dangers. Ils purent même librement et impunément nouer à Paris des relations avec les chefs des factions hostiles à l’Empire. Par leurs soins, fut décidée une attaque générale contre les troupes impériales disséminées dans les départements de l’Ouest. Elle devait avoir lieu dès que les alliés auraient déclaré, ainsi