Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

Houat et Port-Navalo, la baie était libre. Le préfet maritime mit à la disposition du commissaire général deux péniches armées. Elles partirent dans la soirée du 24 novembre. Mais le mauvais temps ne leur permit pas de dépasser la citadelle de Port-Louis. Elles durent rebrousser chemin. En revenant au rivage, elles surprirent, prête à partir malgré l’état de la mer, une barque dont le patron, menacé d’être arrêté, avoua qu’il allait à Houat chercher de Bar, Droz et Leguern. On lui fit comprendre la gravité de l’acte qu’il était prêt à accomplir. Par la menace et la terreur, on le fit s’engager à livrer les trois rebelles ou à aider à se saisir d’eux.

Le lendemain, il s’embarqua à bord du lougre L’Alerte, que commandait l’enseigne Allaniou et qui portait vingt-deux hommes d’équipage. En arrivant à Houat, Allaniou, avec une troupe de matelots, fut conduit chez Leguern par le patron. Celui-ci frappa à la croisée de l’auberge. Une servante s’étant présentée, il lui fit savoir qu’il venait de Port-Navalo prendre trois messieurs. De Bar et ses compagnons entendirent ces mots, s’emparèrent de leurs fusils et sortirent de l’auberge. En les voyant, l’enseigne Allaniou tira sur de Bar, dont il avait le signalement, un coup de pistolet. De Bar ne fut pas atteint.

– Nous sommes trahis, s’écria-t-il ; vendons chèrement notre vie.

Un second coup de pistolet, lui coupant la parole, l’étendit raide mort. Leguern et Droz furent tués en cherchant à se défendre. Tout cela s’était passé en quelques minutes. Cette nouvelle tentative d’insurrection se trouvait ainsi étouffée dans son berceau. La police regretta la mort des trois chouans. Elle eût préféré les prendre vivants, de Bar surtout, afin de les interroger, de tirer d’eux quelques renseignements sur les projets des royalistes.