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ne facilitaient pas les tentatives du comte de Puisaye. Il ne trouvait plus d’agents pour se rendre en France. Il en trouvait d’autant moins que les plus zélés et les plus intrépides, Michelot-Moulin, par exemple, l’ancien compagnon de Louis de Frotté, refusaient de s’engager dans des aventures que, d’autre part, blâmait le roi.

Cependant, en 1812, il s’en présenta un, Le Paige de Bar, cet ancien chef de l’armée du Morbihan dont il a été précédemment parlé. Âgé de quarante-deux ans, absent de France depuis 1805, de Bar s’impatientait de sa longue immobilité. Il aspirait à se battre. Depuis qu’étaient connus les désastres de Napoléon en Russie, il croyait à la possibilité de provoquer en Bretagne une insurrection. Il fit part de ses plans et de ses espérances non au comte de Puisaye, qui, tombé en disgrâce, ne siégeait plus dans les conseils du roi, mais au chevalier de Bruslart. Celui-ci s’y rallia et consentit à en seconder la réalisation en les appuyant auprès du gouverneur britannique. Durant la nuit du 12 au 13 novembre 1812, une frégate anglaise La Rotha débarquait, dans l’île morbihannaise d’Houat, de Bar et deux anciens chouans qu’il s’était adjoints, Droz et Leguern. Il pensait, une fois là, pouvoir passer aisément en France. En attendant, il alla se loger avec ses compagnons dans une auberge d’Houat, tenue par Pierre Legurum. Grâce à des pêcheurs, il se mit en relation avec la plus proche localité de la côte bretonne, Port-Navalo, en demandant qu’on vînt le chercher à la faveur de la nuit.

Au moment où il se livrait à ces imprudentes démarches, il ignorait qu’à son départ de Londres il avait été signalé à la police française. Depuis, elle le guettait. Elle le savait arrivé à Houat. Le commissaire général de police de Lorient, qui en fut averti le premier, résolut d’aller l’attaquer dans cette île et de l’enlever. Entre