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dans la plaine de Grenelle et fusillés contre le mur d’enceinte de Paris. Les détails manquent sur cette triple exécution. Nous savons seulement par les Mémoires d’outre-tombe que l’infortuné Chateaubriand eut la tête brisée par les balles : « Je retrouvai mon cousin pour la dernière fois sans pouvoir le reconnaître : le plomb l’avait défiguré, il n’avait plus de visage. »

Le fils Boisé-Lucas, après un séjour de quelques mois à l’Abbaye, fut transféré, le 26 décembre, au fort de Vincennes. Il y était, a-t-il écrit, « sans linge, sans vêtements, presque sans nourriture ». À l’expiration de sa peine, en mars 1811, il réclama sa mise en liberté. Il l’obtint le 27 avril. À ce moment, son père ayant purgé la condamnation prononcée contre lui par la cour d’assises de Saint-Brieuc, vivait à Saint-Cast, sous la surveillance de la police.


VI

Ainsi, les entreprises des chouans avortaient tour à tour ; les émissaires qu’envoyait en France l’agence de Jersey périssaient sur l’échafaud ou sous les balles. Rien que dans une période de deux ans, septembre 1807-septembre 1809, on compte vingt-six chouans exécutés ; La Haye Saint-Hilaire, Le Chevalier, la baronne Aquet de Férolles, Goyon-Vaucouleurs, Chateaubriand, Goyon-Varouault pour ne citer que les principaux. Et encore ne parlons-nous ni du vicomte d’Aché assassiné, ni des innombrables victimes qui pourrissaient dans les prisons quoique, pour la plupart, elles ne fussent frappées d’aucun jugement. C’étaient là de terribles exemples. Ils