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compagnons d’armes. Bonaparte ne se paye pas de ces raisons vraies ou fausses. Il prévient le jeune gentilhomme qu’il a l’œil sur lui et que si, bientôt, il n’est pas rassuré sur ses intentions, il lui accordera un délai de huit jours pour quitter la France, à l’expiration duquel, s’il s’empare de lui, il le fera fusiller.

Telle est la situation dans Paris.

Dans les provinces de l’Ouest, elle n’est pas meilleure. En Normandie et en Bretagne, c’est à toute heure des diligences arrêtées, les recettes du Trésor public mises au pillage, les acquéreurs de biens nationaux violentés, rançonnés ou même assassinés. Les rapports qu’adressent les préfets au ministre de la Police sont remplis du récit de ces crimes. Il est maintenant démontré que si, en tant que force militairement organisée, les chouans n’existent plus, il en est, et en grand nombre, qui restent armés pour agir par petites bandes ou isolément. Voilà donc où en sont les choses six mois après le 18 Brumaire.

Au commencement de mai, l’imprudence de l’un des membres de l’agence royaliste livre à la police, de la manière la plus imprévue, les papiers de cette agence. Soudainement sont divulgués aux Parisiens stupéfaits les projets de ces conspirateurs soudoyés par l’Angleterre, la participation des princes français à ces projets, le rôle que doit jouer Georges dans leur exécution. On saisit la preuve de ces menées criminelles dans des pièces écrites qu’est chargée d’inventorier et de livrer à la publicité une commission formée de quatre conseillers d’État. On connaît maintenant par le menu tout ce qu’ont voulu et entrepris les conspirateurs, leur volonté d’infliger un châtiment exemplaire aux membres de la cour martiale qui a condamné le chevalier de Toustain, un commencement de tentative pour enlever Bonaparte,