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celui de Jersey, leur organisation, leurs projets, leurs agents, le comte de Puisaye, Armand de Chateaubriand, Le Paige de Bar, le comte de Goyon-Vaucouleurs. « C’est un ancien officier de marine, écrit-il à propos de celui-ci, plein de bonne volonté, de bravoure, chargé de dettes et de famille. Quand il vient de Jersey en France il ne descend jamais à terre. À cause de son âge et de ses infirmités, il reste dans son bateau. Il ne vient qu’amener et chercher les espions. »

Il donnait des détails analogues sur le monde des chouans, la cour des princes en Angleterre, révélait leurs intrigues, leurs propos. Il conseillait l’établissement d’une croisière devant les côtes entre Cherbourg et Brest, où les royalistes s’étaient ménagé plusieurs points de débarquement. Il indiquait les moyens de créer à Jersey une agence d’espionnage ou même de s’emparer de cette île. Il offrait aussi de s’y rendre afin d’y tout préparer pour faire tomber dans un piège les principaux agents royalistes.

Enfin, il nomma, ce qui était plus grave, les diverses personnes avec qui, dès son arrivée en Bretagne, il s’était mis en rapports et qui l’avaient secondé dans ses efforts et ses démarches : Mme  de Goyon-Beaucorps, « royaliste incorrigible » bien qu’elle eût un fils officier dans les armées impériales, déjà compromise dans l’affaire de la machine infernale, à la suite de laquelle elle était restée longtemps détenue à la Conciergerie avec ses deux filles et que ses soixante-sept ans et ses malheurs n’empêchaient pas de se livrer à une active propagande en faveur des Bourbons ; Mme  de Cognac, qu’il avait vue à plusieurs reprises chez le fermier Lefebvre ; Adèle Stevenot, une fille de vingt ans qui lui procurait des journaux ; Jeanne Gouin, qui lui servait de commissionnaire ; le marquis de Puisaye des Joncherets,