Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

presque sûr qu’il viendra, il se tiendra dans la partie de Fougères, Vitré et surtout dans la forêt du Pertre s’il se croit recherché. Ces cantons ont été travaillés d’avance par La Haye Saint-Hilaire. Ils renferment un nombre d’hommes décidés, restes des bandes de du Boisguy et de ce corps de chouans, appelé colonne brutale, gens auxquels est resté non l’opinion royaliste, mais le goût de chouannerie et de brigandage. » On organisait donc une surveillance active à l’effet de s’emparer de Puisaye s’il osait se présenter en Bretagne et de ses complices Prijent et Bouchard, dont la présence avait été signalée à Créhem en Plombalaye.

Plusieurs habitants de cette commune déclaraient spontanément les avoir reçus sur leur demande, mais avoir repoussé leurs propositions. En ordonnant au préfet des Côtes-du-Nord d’interroger tous ceux qui seraient signalés comme ayant eu des relations avec des deux conspirateurs, Réal précisait le but qu’il poursuivait : « Mon intention n’étant pas ici de punir, mais d’obtenir des lumières, vous ferez questionner ces individus avec douceur et circonspection. Qu’ils soient assurés de n’être compromis ni du côté de l’autorité, ni même dans l’opinion. Si vous jugez que l’intervention de l’autorité civile puisse inspirer des craintes à ces gens simples, employez les ecclésiastiques, les propriétaires honnêtes et influents. »

Bien qu’il ne crût pas à la sincérité du dévouement du clergé, le préfet s’empressa de régler sa conduite sur ces instructions. Il recourut au zèle de monseigneur Caffarelli, évêque de Saint-Brieuc, frère des deux Caffarelli dont l’un était aide de camp de l’Empereur, et l’autre préfet du Calvados. Le prélat répondit qu’en effet il connaissait l’arrivée de Prijent et de Bouchard. Dès qu’elle était parvenue à sa connaissance, il en avait