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il quitte Paris en compagnie d’Hyde de Neuville. Ils se rendent en Bretagne. Ils ne font qu’y passer et s’embarquent pour l’Angleterre, où ils vont préparer de nouveaux complots.

Pendant la traversée, Georges dit à Hyde de Neuville.

– Si jamais le roi remonte sur son trône, il fera bien de nous faire fusiller. Nous ne serons jamais, vous et moi, que des conspirateurs.

Mot profond et vrai, qui trahit peut-être le regret d’avoir décliné les offres du premier Consul et une belle occasion de servir la patrie plus glorieusement qu’en de ténébreuses intrigues.

Georges n’est pas le seul adversaire qu’ait à redouter Bonaparte. Paris est encore rempli de chouans. Ils sont légion, vont, viennent, conspirent, menacent, soudoyés par l’agence royaliste qui fonctionne toujours dans l’ombre sous la direction du chevalier de Coigny, du comte de Crenolles, d’Hyde de Neuville, de Larue, son beau-frère, ancien membre des Cinq-Cents, du chevalier de Margadel, dit de Joubert, ancien lieutenant de Frotté, de deux prêtres, l’abbé Ratel et l’abbé Godard, celui-ci ancien grand vicaire de Mgr de Fontanges, archevêque de Toulouse.

Parallèlement à l’agence, s’est organisée par ses soins une contre-police. À sa tête, figure un sieur Duperron. Il se vante d’avoir des accointances dans les bureaux de Fouché, ce qui est possible, puisqu’il en a fait partie. Il en surprend, à diverses reprises, les secrets et les transmet au comte d’Artois. Au siège de cette agence viennent aboutir les projets qui se préparent à Londres et qui doivent être réalisés avec le concours de Georges : la prise de Brest par les chouans, à qui un ancien officier de marine, M. de Rivoire, se fait fort de livrer cette ville ou, encore, l’enlèvement du premier Consul sur la