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cessé de vivre, ses biens, qui avaient été séquestrés, furent restitués à son mari. On trouve au dossier les lettres que celui-ci adressait à Fouché pour se plaindre des magistrats du Calvados et notamment du juge d’instruction de Falaise, M. Le Couturier, qu’il accusait d’avoir pris parti contre lui et, pour le substituer à la coupable, d’avoir supprimé des pièces et offert à un témoin mille écus s’il voulait modifier sa déposition. « Cette inculpation, écrivait Réal à Caffarelli, en lui demandant ce qu’il en pensait, peut n’avoir aucun fondement et les façons dans lesquelles elle est présentée n’inspirent pas beaucoup de confiance. » Caffarelli défendit M. Le Couturier, qui lui-même protestait contre ces accusations auprès du grand juge, son chef hiérarchique. Oui, avouait Caffarelli, M. Le Couturier était lié avec Mme Aquet de Férolles. « Mais il n’avait pas d’habitudes avec elle. S’il a des reproches à se faire, c’est d’avoir eu confiance dans les gendarmes qui la laissèrent s’échapper de Falaise. » Justice fut rendue à Le Couturier. Caffarelli, de son côté, put d’abord croire que Réal ne lui gardait pas rancune de l’extrême faiblesse dont il avait fait preuve au moment du crime. Mais Réal ne pensait pas qu’un fonctionnaire aussi débonnaire fût en état de rendre d’utiles services dans un département dont le mauvais esprit commandait une surveillance plus rigoureuse qu’ailleurs. Tandis que le secrétaire général de la préfecture était révoqué comme incapable, on envoyait le préfet dans l’Aube. Ce changement fut considéré comme une disgrâce.

Les individus acquittés par la cour de Rouen et même le marquis de Bonneuil, bien qu’il eût été l’objet d’une ordonnance de non-lieu, furent maintenus en détention. Ils y étaient encore à la fin de l’Empire, tandis que tous ceux qui, par leurs relations avec les condamnés, pouvaient