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est moins prompt à ajouter foi à celles de Bourmont. Jeune, ardent et à la veille d’épouser sa cousine, Mlle de Becdelièvre, le jeune Angevin réside à Paris. Il y devient bientôt de l’intimité du ministre de la Police, au grand étonnement de ses amis, à qui, d’ailleurs, il rend, grâce à cette intimité, plus d’un service. Mais, en dépit de son attitude correcte, il ne parvient pas à vaincre les préventions que nourrit contre lui le premier Consul.

Quant à Georges Cadoudal, le général Georges, ainsi qu’on l’appelle, c’est franchement un révolté. Il n’a signé la paix que contraint et forcé, prêt à saisir la première occasion propice pour la rompre. Les chouans qui l’ont accompagné dans la capitale sont animés des mêmes sentiments que lui. Il est obligé, à toute heure, de contenir les effets de la haine qu’ils ont conçue contre Bonaparte. L’un d’eux, le chevalier de La Haye Saint-Hilaire, présent à l’entrevue des Tuileries, offrait, avant de s’y rendre, de profiter de cette visite pour lui brûler la cervelle. Georges a dû lui donner l’ordre d’abandonner ce criminel projet. Mais, lui-même, au lendemain de l’entrevue s’écrie : « Quelle faute j’ai commise de ne pas étouffer cet homme entre mes bras ! »

Au langage que lui a tenu le terrible Breton, Bonaparte n’a aucune peine à deviner que, toujours et partout, celui-ci sera son ennemi. Georges se rend si bien compte de l’effet qu’il a produit que peu de jours après,