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famille commençait déjà des démarches en vue de lui sauver la vie.


XI

Au cours de ces événements, encore qu’elle ne conservât plus qu’un très faible espoir de retrouver le vicomte d’Aché et le général Antonio, la police persévérait dans sa surveillance et continuait ses recherches. De plus en plus défiante envers Caffarelli, c’est à Savoye-Rollin qu’elle avait confié cette difficile opération, sans renoncer, d’ailleurs, à la poursuivre de son côté par ses propres moyens. Savoye-Rollin s’était empressé de recourir à Liquet. « Je l’ai choisi, écrivait-il à Réal, parce qu’il connaît d’Aché, parce qu’il est au courant, parce qu’il est peut-être le seul qui puisse découvrir la vérité. » Dès le mois d’avril 1808, pendant même l’instruction de l’affaire de Combray, Liquet qui, en d’autres temps, avait eu l’occasion de voir d’Aché à Rouen, s’était mis en campagne, sûr de le reconnaître s’il le rencontrait. Quelques semaines plus tard, après un voyage à Louviers, il avait affirmé au préfet que si d’Aché était allé en Angleterre, il en était revenu et qu’on signalait son passage en divers endroits.

De l’examen du dossier de d’Aché, il ne résulte pas que ce fût déjà vrai, mais que cela allait l’être. Au mois de mai 1808, le proscrit se trouvait dans la famille de Montfiquet, à Trévières. Il s’y tenait caché, s’entourant de si minutieuses précautions que même les amis dévoués qu’il comptait dans le pays ignoraient son retour. Il était si étrange qu’il eût préféré au séjour de Londres