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drons et avec le temps, nous détruirons vos colonnes en détail.

– Vous me menacez !

– Je ne suis pas venu pour vous menacer, mais tout au contraire pour vous parler de paix.

– Mais, enfin, que vous faut-il pour faire cesser la guerre civile ?

– Deux choses : Louis XVIII pour régner légitimement sur la France, Bonaparte pour la couvrir de gloire.

– Rétablir les Bourbons, jamais[1].

On se sépare sur ces mots. L’armistice est rompu ; la guerre recommence. Mais, en quelques jours, les chouans sont réduits à signer la paix qu’ils ont refusée. D’Autichamp, qui commande sur la rive gauche de la Loire, rend les armes le 18 janvier 1800 ; Chatillon, qui commande sur la rive droite, suit cet exemple le lendemain. Bourmont et La Prévalaye en font bientôt autant. Georges Cadoudal et Louis de Frotté tiennent encore. Mais, vaincus à leur tour, ils se soumettent, la rage dans le cœur. Les retards qu’ils apportent dans leur soumission sont funestes à Frotté. Attiré dans un guet-apens par le général Guidal, il y trouve la mort avec ses principaux lieutenants.

Ils ne sont pas les seules victimes de ces dernières convulsions de la chouannerie. Tandis que les négociations pour la paix se poursuivent dans l’Ouest entre le général d’Hédouville et les chefs vendéens, à Paris, l’agence royaliste, dont le gouvernement consulaire ignore encore l’existence, s’agite afin d’empêcher cette paix de se conclure. Elle rêve de s’emparer de la personne du premier Consul. Un de ses membres, le cheva-

  1. Cet entretien est reconstitué d’après les souvenirs du marquis d’Andigné, dont la publication est prochaine et dont un opuscule de l’abbé Crosnier (Angers 1893) nous a donné un avant-goût.