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Mme}} Aquet de Férolles. M. Savoye-Rollin redoublait d’efforts pour s’emparer de la fugitive. Il s’impatientait de n’y pas réussir. Pour retrouver ses traces, il avait d’abord compté sur la marquise de Combray. Mais la vieille dame se montrait circonspecte et prudente en ses réponses. Elle n’avouait que ce qu’il lui était impossible de nier. Elle reconnaissait que le vicomte d’Aché avait vécu caché chez elle pendant quinze ou dix-huit mois après la conspiration de Georges, mais maintenant que lui comme elle avait été opposé au coup de main du 7 juin.

Vraies ou fausses, ces déclarations n’apprenaient rien à la police. Assurément la marquise en savait plus long. Elle devait savoir notamment où était sa fille. Si jamais elle ne parlait d’elle, si toujours elle évitait de répondre quand le nom de Rosalie était prononcé, c’est qu’elle avait peur de la compromettre. Ce qu’elle en pensait, comment elle la jugeait, elle affectait de le taire, sans que ce silence eût d’autre cause que le désir de ne pas favoriser les recherches dont elle se doutait bien qu’à cette heure Mme  Aquet de Férolles était l’objet. Le préfet de Rouen eut vite compris qu’il n’aurait raison que par la ruse, de ce mutisme obstiné, inspiré par l’amour maternel, et c’est à la ruse qu’il se résigna à recourir.

Apparaît ici un des plus étonnants personnages du drame que nous reconstituons, un homme qui eût mérité de figurer sur un plus vaste théâtre, et qui partout eût marqué. Il se nommait Liquet. Il occupait à la mairie de Rouen les modestes fonctions de secrétaire. Était-il jeune ? Était-il vieux ? En quoi consistaient ses services antérieurs ? Sa volumineuse correspondance annexée au dossier de l’affaire ne permet pas de répondre à ces questions. Elle révèle seulement une activité peu commune, une rare intelligence longtemps contenue dans la