Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/240

Cette page n’a pas encore été corrigée

fut au moment de prendre et qu’il eût prises, à l’en croire, si Mme de Saint-Léonard n’était intervenue. Elle plaida pour sa cousine.

– Si vous l’arrêtez chez moi, dit-elle, j’aurai l’air de vous l’avoir livrée.

Pour ce motif ou pour d’autres, le préfet laissa partir Mme Aquet de Férolles. Le même jour, il rendait compte de sa conduite à Réal. Celui-ci lui répondit par un blâme sévère et lui donna l’ordre de procéder sur-le-champ à l’arrestation de la coupable. Cet ordre, transmis par les voies régulières, arriva à Chauvel, en sa qualité de chef de la brigade de Falaise. Au lieu de l’exécuter, il avertit Mme Aquet de Férolles et, persévérant dans son dévouement, il lui offrit un asile dans une maison qu’il avait louée à cet effet aux portes de Falaise. Comme il eût été imprudent qu’elle gardât ses deux filles auprès d’elle, il les confia à sa propre sœur.

Moins heureuse que sa fille, la marquise de Combray avait été arrêtée, le 20 août, au château de Tournebut et conduite à Caen d’abord, à Rouen ensuite, où elle fut définitivement incarcérée. Son fils, le marquis de Bonneuil, et son régisseur Soyer partagèrent son sort. Ces arrestations une fois opérées, la police voulut savoir à l’aide de quels stratagèmes les gens qu’elle savait cachés au château de Tournebut avaient pu se dérober à ses précédentes recherches. Guidée par Soyer, elle fouilla le château du haut en bas. « Soyer s’étant approché du mur, est-il dit dans le procès-verbal où sont mentionnées ces perquisitions, a mis la main, sous le sommier, dans une petite cavité y pratiquée et en a retiré un clou. Alors, nous avons entendu tomber quelque chose derrière cette muraille et, de suite, nous avons vu s’ouvrir une porte en colombage et plâtre,