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Elle envoya ses ordres non seulement à M. Caffarelli, préfet du Calvados, mais encore à M. Savoye-Rollin, préfet de la Seine-Inférieure. Elle supposait, en effet, que plusieurs des suspects se cachaient au château de Tournebut ou dans les environs, c’est-à-dire dans le pays sur lequel s’étendait la juridiction de M. Savoye-Rollin.

Un autre motif la déterminait à recourir à ce dernier. Par deux fois elle l’avait chargé d’opérer des perquisitions à Tournebut. C’est à lui qu’elle devait de tenir Fierlé. En rendant compte de ses actes, il avait témoigné de tant de zèle et de fermeté, exprimé à propos de cette mystérieuse affaire des vues si claires, si précises et si nettes que Fouché et Réal songeaient déjà à remettre dans ses mains la direction des mesures de police qu’elle comportait et, d’accord avec le grand juge Régnier, à concentrer l’instruction à Rouen, où les fonctionnaires et les magistrats leur présentaient plus de garanties d’indépendance que ceux du Calvados.

Pour ce qui concernait Mme  Aquet de Férolles, des instructions spéciales furent adressées à M. Caffarelli. L’accusation, prenant pour base les dénonciations de Fierlé, n’y trouvait pas de charges assez graves pour conclure à la culpabilité de la jeune femme. Fierlé, en accablant la mère, avait épargné la fille. C’était, au reste, la mère qui l’avait embauché. Cela seul suffisait pour motiver l’arrestation. Quant à la fille, l’ayant à peine vue au cours des événements, il laissait entendre qu’elle n’y avait été mêlée que de loin. Avant donc d’arrêter celle-ci, il fallait tout au moins connaître son rôle et savoir dans quelles circonstances elle s’était associée aux brigands, à supposer même qu’elle leur eût donné son concours, ce qui restait encore douteux. L’ordre envoyé à M. Caffarelli portait qu’il devait interroger d’abord Mme  Aquet de Férolles et ne l’arrêter «