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police d’agir sans délai, à Paris, à Caen, ailleurs encore, contre divers individus considérés comme suspects. Lui furent-ils simplement désignés par leurs actes antérieurs, ou par ce qu’on savait de leurs relations avec Le Chevallier, d’Aché et le général Antonio ? La marquise de Vaubadon, qui déjà correspondait avec la police, par l’intermédiaire de Doulcet de Pontécoulant, signala-t-elle ceux qu’elle avait connus au temps de sa liaison avec d’Aché ? La direction de la gendarmerie, qui était devenue aux mains du maréchal Moncey une terrible agence d’espionnage, procura-t-elle des renseignements ?

Toutes les suppositions sont permises. Les dénonciations étaient fréquentes en ce temps. La police usait largement des moyens propres à les provoquer. Les preuves en sont innombrables dans nos dépôts d’archives et en particulier dans le dossier qui nous sert de guide à travers tant d’assertions obscures et contradictoires. Mais ce qui n’est pas moins vrai, c’est que les premières arrestations opérées mirent aux mains de la police des déserteurs, d’anciens chouans, deux oncles de Le Chevallier, des vagabonds, des marchands ambulants, des gens sans aveu et pas un seul coupable. Tous ou presque tous durent être rendus à la liberté.

Dès ce moment, Réal se plaignait de l’incapacité du préfet de Caen, « de sa bonhomie qui ne voyait de mal dans rien ». Il recevait, en outre, divers avis que lui présentaient les magistrats du Calvados comme peu disposés à rechercher les auteurs du crime.


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