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– Vous êtes les sujets du roi, leur dit-il ; c’est pour lui que vous allez combattre. Il vous en récompensera.

Ils s’engagèrent solennellement à ne pas abandonner leur général. Antonio déclara qu’il avait confiance en eux. Le Chevallier, convaincu qu’aucune défection n’était à craindre, s’éloigna en compagnie de Mme  Aquet de Férolles, de laquelle il devait se séparer après l’avoir ramenée à la Bijude. Dans la nuit, il partait pour Paris où il voulait arriver le lendemain.


IV

À l’heure où il y arrivait, le 7 juin, au déclin du jour, Antonio et sa troupe quittaient l’auberge d’Aubigny pour aller s’embusquer dans les bois du Quesnai. Le notaire Lefebvre les accompagna jusque-là. Il ne les quitta que pour rejoindre Mme  Aquet de Férolles, qui attendait chez elle les résultats de l’événement. Un homme à cheval, nommé Dussaussay, venait d’apporter au général Antonio, de la part du garçon d’écurie Gauthier, l’avis que s’était engagé à lui donner celui-ci.

Partie d’Alençon la veille avec un chargement de trente-trois mille francs, la voiture des contributions avait passé la nuit à Argentan. Au matin, elle s’était remise en route après avoir reçu pareille somme. Elle devait passer par les bois du Quesnai vers huit heures du soir. Exceptionnellement, elle voyageait sans escorte, la brigade d’Argentan, retenue par les opérations de la révision qui avaient lieu le même jour, n’ayant pu fournir le peloton réglementaire. Un gendarme qui partait en congé, s’était offert à faire la route à pied avec le