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relations qu’il s’était créées dans le gouvernement pour détourner de leurs devoirs les fonctionnaires grands et petits, aller à cet effet à Paris, et les convaincre de la nécessité de marcher avec les royalistes. Compris à demi-mot par Armand Le Chevallier, repoussés par le chevalier de Godet, qui refusait de les suivre parce qu’il les considérait comme impraticables, ces conseils excitaient l’enthousiasme de Mme Aquet de Férolles. Elle promettait à son amant de le seconder de tout son zèle. Quant à la marquise de Combray, restée à Tournebut, elle n’y recevait aucun écho des pourparlers qui avaient lieu à Donnai. Elle les ignora jusqu’au jour où, les projets arrêtés en ces conciliabules ayant reçu un commencement d’exécution, il devint impossible de les lui dissimuler.

Par malheur, si ces actes avaient été concertés en dehors d’elle, si elle protesta lorsqu’à son insu ils eurent été exécutés, ceux auxquels elle participa ne pouvaient rester impunis. Tandis que le vicomte d’Aché et Armand Le Chevallier combinaient les moyens de remplir la caisse royaliste, elle, de son côté, travaillait à la rébellion. D’Aché lui demandait des hommes vigoureux et résolus. Elle lui procura d’abord son garde-chasse, Lanoë, depuis longtemps à son service, chouan amnistié qui ne se prêta qu’à contre-cœur à ce qu’elle attendait de lui et qui, tout en promettant son concours, se réserva de ne s’employer que dans la mesure où il pourrait le faire sans jouer sa tête.

Moins scrupuleux et plus décidé était le nommé Fierlé, qu’elle lui présenta ensuite. Bavarois resté dans le pays, après les guerres de la chouannerie auxquelles il avait pris part, homme de sac et de corde, prêt à tout, capable de tout, on pouvait compter sur lui. Elle l’envoya à d’Aché avec une lettre qui le recommandait comme «