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absente ou présente, il le consacrait à des essais d’impression. Il était parvenu à reproduire ainsi une oraison funèbre du duc d’Enghien, et les projets de manifestes du prétendant, rapportés par d’Aché lors d’un de ses voyages en Angleterre, ou peut-être rédigés par lui, et destinés à annoncer aux Français l’avènement de leur roi. L’un de ces manifestes promettait une amnistie générale, le dégrèvement des impôts, l’abolition de la conscription.

De ces traits que nous relevons dans les documents officiels, on peut conclure que Mme de Combray, dans l’entraînement de ses illusions encouragées et partagées par son fils, n’avait rien oublié de ce qui devait assurer le succès. Une poignée d’hommes sûrs, destinés à soulever le pays, n’attendaient que ses ordres pour agir. Elle avait même demandé des chevaux à M. de Grimont, inspecteur du haras d’Argentan. La direction des postes d’Évreux et celle de Gaillon furent accusées plus tard d’avoir favorisé ses correspondances.

Tenu au courant de ces préparatifs, le vicomte d’Aché ne pouvait mettre en doute le dévouement de la marquise à la cause royale. C’est donc en toute confiance qu’après un voyage assez mystérieux il revint se réfugier à Donnai. Elle en était partie depuis quelques jours pour rentrer à Tournebut où elle résidait habituellement. Il y fut reçu par Mme Aquet de Férolles, et bientôt après ses conciliabules avec Armand Le Chevallier recommencèrent.

Avec une police bien faite, ils n’auraient pu se continuer sans être bientôt découverts. Aquet de Férolles vivait dans le voisinage. Après avoir combattu avec les chouans, il s’était rallié à l’Empire. Sa femme, quand ils vivaient ensemble, avait fait comme lui. Elle n’était redevenue royaliste que depuis qu’elle aimait Armand