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ses actes. Certains papiers, dénotant une remarquable culture intellectuelle, le montrent moins profondément royaliste que résolument ennemi du despotisme impérial. Ainsi s’expliqueraient des relations qu’il entretenait avec différents personnages, même avec des fonctionnaires, indice s’ajoutant à tant d’autres pour prouver qu’à l’époque où l’adhésion semblait universelle, l’Empire avait à lutter contre des adversaires irréconciliables disposés, malgré leurs divergences, si les événements s’y prêtaient, à toutes les coalitions.

En 1801, la diligence de Saint-Lô à Coutances ayant été arrêtée et les fonds publics qu’elle transportait enlevés, la police avait soupçonné Le Chevallier d’être l’auteur de cet attentat où aurait figuré, au dire des témoins, une jeune femme à cheval, revêtue d’un uniforme de dragon, qui ne put être retrouvée.

Le Chevallier allait être renvoyé avec plusieurs de ses complices devant le tribunal criminel d’Évreux, quand l’intervention d’un membre du Sénat lui sauva la vie. Ce haut personnage déclara que l’accusé était à Paris à l’heure où s’accomplissait le crime pour lequel on le poursuivait. Le magistrat instructeur ajouta foi à cette déclaration, que les fréquents séjours d’Armand Le Chevallier dans la capitale rendaient vraisemblable. Bien qu’il expliquât ces séjours par la nécessité d’entretenir ses relations de famille et ses rapports avec de puissants protecteurs, la police persista à croire qu’il avait joué un rôle dans le sanglant épisode à la suite duquel on l’avait recherché. Aussi, depuis cette époque, le surveillait-elle. Il n’en faut pas moins observer que les charges relevées contre lui, au cours de ce récit, résultent exclusivement des dossiers de police et des déclarations de ceux qui eurent intérêt à lui imputer la responsabilité des faits, dans les poursuites dont ils