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réclamer par l’ambassadeur du gouvernement espagnol.

Enfin, pour contribuer à la prise des bandits, Mgr de Pancemont, invita les prêtres de son diocèse à lui faire parvenir les renseignements qu’ils pourraient se procurer par leurs paroissiens. Mais, soit crainte de vengeance, soit sympathie pour les proscrits, la population se montrait très sobre de confidences. On ne sut rien par cette voie. Fouché en accusait le mauvais esprit des prêtres bretons. Il les peignait comme pactisant secrètement avec les criminels. Il se trompait. La vérité, c’est que La Haye Saint-Hilaire et la poignée d’hommes qui le secondaient avaient répandu la terreur autour d’eux.

Les troupes du général Boyer opérèrent quelques captures. Bourgoin, Julien Leguevel, Maurice Legoff, les frères Dubouays furent arrêtés, ceux-ci parce que leur nom s’était trouvé dans une lettre de La Haye Saint-Hilaire. Ces divers individus parvinrent à prouver qu’ils n’avaient point participé à l’attentat.

Le 12 décembre, Bertin, l’un des coupables, se laissa prendre. On le trouva tout nu, sous une botte de paille, dans la maison du tailleur Ledéan, à Céron. Celui-ci disparut. Quant à Bertin, conduit à Vannes, il s’enferma d’abord dans un silence farouche, refusant de répondre aux questions qui lui étaient posées. Mais Mgr de Pancemont s’étant rendu auprès de lui et lui ayant fait espérer sa grâce, sa langue se délia. Il confirma tout ce qu’on savait déjà du crime dans lequel il avait trempé. Il avoua que, depuis l’enlèvement, il n’avait guère quitté La Haye Saint-Hilaire, vivant avec lui dans les bois, dans des cavernes, chez des paysans, toujours sur le qui-vive. Il n’ajouta aucun renseignement qui pût mettre sur la trace de ses complices. Le 8 décembre, il comparut devant une commission militaire.