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et qui a été maintes fois racontée ; celle des complots et des coups de main isolés, qui se prolonge jusqu’en 1813 et qui attendait encore son historien. C’est celle-ci que j’entreprends de ressusciter et de restituer à l’histoire, à l’aide de pièces officielles pour la plupart inédites[1]. En dehors des Archives, il n’en existe des souvenirs que dans quelques livres d’histoire générale, qui se contentent de les mentionner sans en pénétrer les détails ou dans des relations locales, trop incomplètes pour qu’on puisse leur attribuer un caractère de version définitive. À vrai dire, ces événements sont racontés aujourd’hui pour la première fois.

On n’en saurait tracer un tableau sans faire à la police une large part. Elle était partout alors, avec ses meilleurs agents, son déploiement de ruses, son incessante excitation à la trahison. Pour écrire l’histoire des chouans, il faut connaître à fond celle de la police et réciproquement. De 1795 à 1814, elles sont connexes. L’une éclaire l’autre. On ne peut pénétrer dans les mystères de la chouannerie qu’à la lumière des dossiers de Fouché, de Réal et de Rovigo. Ces dossiers, je les ai compulsés durant plusieurs années. J’ose même dire qu’ils me sont familiers.

  1. Je n’ai cru devoir parler qu’en passant, au cours des récits qui suivent, de l’affaire de la machine infernale et de la conspiration de Georges. Je compte consacrer à ces tragiques événements un volume spécial.