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plus évangéliques, dit le chancelier dans ses Mémoires. La simplicité de son caractère me le faisait quelquefois comparer à ce personnage si connu de l’abbé Prévost, au doyen de Killerine, dont il avait la laideur. Quant à sa conduite à l’égard du curé marié auquel il avait tant d’obligations, elle était d’une convenance, d’une délicatesse admirables : ne négligeant rien pour le ramener au bien, mais l’excusant autant qu’il dépendait de lui, instruisant ses enfants qu’il avait baptisés et leur cherchant des parrains et marraines qui puissent un jour les protéger et les mettre dans une bonne route. » Rentré à Paris, au lendemain du 18 Brumaire et après avoir dans l’intervalle résidé à l’étranger, l’abbé de Pancemont fut présenté au premier Consul probablement par Joséphine, qu’il avait connue à Croissy. Adjoint à l’abbé Bernier lors des négociations qui précédèrent la conclusion du Concordat, il se fit apprécier par Bonaparte et fut nommé évêque de Vannes, en même temps que l’abbé Bernier était nommé évêque d’Orléans.

Par suite de cette nomination, le siège épiscopal du Morbihan se trouva pourvu de deux titulaires, l’évêque nouveau, Mgr de Pancemont, désigné en vertu du Concordat, avec l’assentiment du Pape, et l’évêque ancien nommé sous la monarchie, Mgr Amelot, qui vivait à l’étranger, après avoir refusé sa démission à Pie VII, à qui il contestait le droit, lui vivant, de conférer l’institution canonique au nouvel évêque de Vannes.

À la faveur de ces pénibles circonstances, les diocésains du Morbihan, prêtres et fidèles, s’étaient divisés en deux camps : d’un côté les tenants de Mgr Amelot. Tout naturellement, les royalistes militants avaient pris parti pour ce dernier. Il en résultait, au point de vue religieux, un état de désordre moral dont la modération de Mgr