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Saint-Hilaire, qu’ils avaient surnommé Peau-de-Bique et qui se faisait appeler aussi Doison. Ils comptaient sur ce vaillant partisan pour rendre à l’esprit de rébellion son ancienne vigueur, pour grouper autour de lui les déserteurs alors si nombreux sur toute l’étendue du territoire, pour substituer aux procédés de la grande guerre, devenus impraticables, les procédés d’une guerre d’escarmouches et de pièges et en retirer les mêmes effets.

Les faits d’armes de La Haye Saint-Hilaire étaient innombrables. Ils remontaient aux temps de Quiberon et surtout à la campagne de 1798, durant laquelle, sous les ordres de Cadoudal, il commandait une division de l’armée de Bretagne. Ils témoignaient de son indomptable audace. C’est lui qui dirigeait en 1801 l’entreprise dans laquelle faillit périr le marquis de Kérouan, quand, le fils de ce gentilhomme s’étant rallié au gouvernement consulaire, le père fut pris par les chouans et obligé, pour sauver sa vie et sa liberté, de leur payer une rançon de quarante mille livres. C’est encore La Haye Saint-Hilaire qui taxait les acquéreurs de biens nationaux, qui vengeait sur les prêtres constitutionnels les prêtres réfractaires, poussant jusqu’à l’assassinat représailles et vengeances. On le soupçonnait d’avoir trempé dans le meurtre d’Audrein, l’évêque constitutionnel de Quimper. On le tenait, en un mot, pour un homme capable de tout. Arrivé à Paris avec Georges en 1800, après la paix de Pouancé, il avait voulu l’accompagner aux Tuileries.

– Je brûlerai la cervelle à Bonaparte pendant que vous vous entretiendrez avec lui, disait-il. Vous, préparez un discours pour la troupe que vous enlèverez dans l’étonnement où elle sera.

– Mais, vous !