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qui le concernait. Le malheureux essaya de disputer sa vie, de gagner quelques heures en promettant des révélations nouvelles. Quand il eut été prouvé qu’il ne pouvait rien ajouter à celles qu’il avait déjà faites, il fut exécuté, seul à payer de sa tête ce qui était encore à un plus haut degré que sa faute la faute d’autrui.

Les autres condamnés subirent leur peine jusqu’au bout, sans qu’un seul instant le moindre adoucissement fût apporté aux rigueurs dont ils avaient été l’objet. Elle se prolongea même bien au delà de la durée à laquelle elle avait été fixée. En 1808, Daniaud-Duperrat, détenu au Temple quoiqu’il eût purgé sa condamnation à deux ans de prison, adressait à l’Empereur suppliques sur suppliques, à l’effet d’obtenir sa mise en liberté. Au dehors, sa sœur, Mme Sablon, appuyait ses démarches. Mais Réal résistait : « Jacqueneau et les autres complices, écrivait-il au ministre, ont dû continuer à garder la prison. Il n’y a point de motifs à traiter Daniaud plus favorablement. On propose à Son Excellence d’ordonner qu’il gardera la prison par mesure de haute police. »

Si cruelle qu’elle paraisse, cette décision était dictée par l’examen du dossier de Daniaud-Duperrat. En 1805, étant incarcéré à Nantes, l’imprudent avait confié à un détenu les projets de contre-révolution qu’il nourrissait pour le jour où il s’évaderait. Il voulait soulever l’Ouest, provoquer les désertions, et ces projets la police les connaissait par celui qui en avait reçu la confidence. Daniaud-Duperrat n’en persévérait pas moins dans ses réclamations. D’une note de Desmarets, il résulte que, le 15 novembre 1810, il fut extrait de son cachot à sept heures du matin et conduit chez ce haut fonctionnaire pour s’entendre dire que « son affaire était interminable ». En 1811, il était encore à Vincennes.