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coupables sans importance. La police attachait plus de prix à la capture de Forestier, de Céris et d’Élie Papin. Les autorités de la Gironde recevaient l’ordre de les rechercher sans relâche. Malheureusement, les agents qu’elle employait se montrèrent infidèles. Avertis par leurs soins, dans des circonstances que les pièces signalent sans les préciser, nos conspirateurs se dérobèrent à toutes les poursuites.

Élie Papin trouva un refuge à bord d’un navire américain qui le transporta aux États-Unis, d’où il ne devait revenir que sous la Restauration pour recevoir des mains de Louis XVIII le brevet de maréchal de camp en vertu duquel il commanda jusqu’en 1821, – date de sa mort, – la subdivision militaire de Lot-et-Garonne. Henri Forestier et le chevalier de Céris, non moins favorisés que lui, purent gagner l’Espagne, d’où ils allèrent se fixer à Londres. On a vu plus haut que le premier y mourut en 1806. Avec eux s’étaient enfuis Acquard-Vreilhac et Duchesne-Chénier. Orion de la Floullière parvint d’abord à se soustraire aux recherches. Il est établi par les pièces qu’il fut pris ultérieurement. Il figure au procès, mais sa culpabilité ne put être établie. Celle de l’agent de change La Plène le fut moins encore. On ne le poursuivit pas plus que les banquiers Bathman et Batbedat sur qui étaient tirées les traites Diego Carrera. Il leur fut facile de prouver qu’ils en ignoraient l’objet.

La fuite de Forestier, de Céris et de Papin mettait la police dans l’impossibilité de connaître tous les secrets de l’agence anglaise. Les inculpés tombés en son pouvoir n’étaient que des comparses. Ils ne pouvaient rien dire de plus que ce qu’ils avaient dit. Elle se décida cependant à poursuivre l’instruction comme si elle eût tenu tous les coupables, à les traduire tous, contumaces ou non, devant une commission militaire.