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parut pas surprise. Elle donna tous ses soins à discerner ce qu’il pouvait y avoir de fondé dans les avertissements qui lui étaient transmis. À ce moment, le comte de Bourmont, détenu depuis le mois de juillet 1801 dans la forteresse de Besançon, venait de s’en évader peu de jours après le marquis d’Andigné, avec son aide de camp Hingant de Saint-Maur. Ces évasions audacieuses, coïncidant avec les symptômes signalés en Vendée, permettaient de croire à l’imminence d’un mouvement insurrectionnel dont les fugitifs se préparaient à prendre la direction. Pour conjurer leurs complots, il convenait d’agir avec vigueur.

Ordre fut expédié au préfet de la Vendée de redoubler de vigilance et de s’assurer avant tout si, comme on l’avait dit, existaient des dépôts de plomb à la Guyonnière ou ailleurs. D’autre part, le préfet de la Gironde et celui des Deux-Sèvres étaient invités à exercer une surveillance rigoureuse autour du « jeune La Rochejaquelein », celui qui avait épousé la veuve de Lescure. Louis de La Rochejaquelein habitait ordinairement au château de Citran, près de Bordeaux. Mais on avait remarqué que maintenant il s’en éloignait à tout instant sous prétexte d’aller visiter les propriétés qu’il possédait dans les Deux-Sèvres. Il s’agissait de se convaincre que tel était bien le but de ses voyages. Le dernier avait eu lieu au moment où arrivaient des plombs chez le curé de la Guyonnière. C’est grâce aux indiscrétions de celui-ci qu’on le savait.

Interrogé par le sous-préfet de Montaigu, qui s’était transporté dans sa paroisse, l’abbé Jacqueneau n’avait fait aucune difficulté pour reconnaître que, depuis quelque temps, il était détenteur d’un dépôt de plomb, reçu des mains du médecin Gogué, et enfoui par prudence dans un champ de navets. Il révéla de même qu’il en