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et plus forts, avec une foi aveugle dans leurs généraux, prouvant ainsi qu’on pouvait les vaincre, mais non les briser. Pendant plus de six ans, alors que les balles républicaines faisaient dans leurs rangs tant de vides, ces vides furent comblés sans relâche.

Lorsque Bonaparte, au 18 Brumaire, s’empare du pouvoir, il trouve l’Ouest en armes. Cadoudal commande en Bretagne, Chatillon en Vendée, Bourmont dans le Maine, Frotté en Normandie. Il y a là de véritables armées qui ne peuvent être traitées comme des forces insurgées faciles à disperser. Il leur propose la paix. Quelques-uns des chefs, convaincus que maintenant ils ne pourront plus triompher des bataillons envoyés contre eux, se décident à négocier. Bourmont, Frotté, Cadoudal résistent encore. Mais, peu à peu, ils sont contraints, eux aussi, à désarmer.

Coupable d’avoir désarmé le dernier, Frotté, attiré dans un guet-apens, y trouve la mort. Cadoudal vient à Paris, appelé par le premier Consul. Objet des offres les plus brillantes, il les repousse. Le cœur plein de haine contre l’homme qui ne veut pas rendre au roi de France la couronne, il se rejette parmi les conspirateurs. Ce sont ses agents qui dressent contre Bonaparte la machine infernale. C’est lui qui, trois ans plus tard, entraîne Pichegru