Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

terribles que leur dévouement aux choses que détruisait la Révolution entraîna aux pires excès ; mais ces excès furent dus surtout à cette écume que tout parti traîne après soi, à ces bandits qui profitaient du désarroi social pour s’enrichir au détriment d’autrui, sous prétexte de venger les royalistes vaincus. Faux chouans, chauffeurs, déserteurs réfractaires, c’étaient, pour la plupart, des hommes de sac et de corde, essayant de donner à leurs attentats une couleur politique, soit pour en amoindrir l’horreur, soit pour bénéficier des amnisties. Pour être juste envers les chouans, c’est à travers les chefs qui les ont commandés qu’il faut les regarder : La Rochejaquelein, Charette, Bonchamp, Cathelineau, d’Elbée, Sapinaud, Chatillon, d’Autichamp, d’Andigné, Suzannet, Bourmont, Frotté, Mandat, Bruslart, Du Chaffault, Georges Cadoudal, d’autres encore dont le nom est synonyme d’intrépidité, de vaillance et d’inextinguible ardeur pour la cause royale.

Les soulèvements vendéens ne furent pas le résultat d’un effort isolé ni de savants calculs, mais la révolte d’un peuple qui défendait ses croyances politiques et religieuses. C’est pour Dieu et pour le Roi que ces bandes sans cohésion marchaient au combat et à la mort. Les paysans qui les composaient apportaient dans leur entreprise une ténacité égale à leurs convictions. Les défaites ne les décourageaient pas. Vaincus, ils revenaient à la charge, plus nombreux