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semaines la police avait arrêté quarante-deux émigrés rentrés sans autorisation, ajoutait que, sur l’un d’eux, on avait trouvé une note dont il donnait le texte et que nous reproduisons en sa forme laconique et mystérieuse : « Fais mettre au nom de M. Hingaux. – Arrestation de la diligence de la Ferté-Bernard, fonds appartenant à des particuliers. – Enlevé à un général cinq chevaux, un cabriolet et son argent. – Pillage d’une vieille comtesse, bijoux ; elle n’a dû la vie qu’à un diamant qu’elle avait au doigt. – L’affaire Clément de Ris. – La diligence de Charenton. – La mort de M. Joubert de Margadel. – Volé quatre-vingt-dix louis doubles à un marchand de bœufs, volé et assassiné. – Volé deux cents louis qu’on lui avait remis en dépôt pour un officier de M. C. – Volé à un évêque, compagnon de route, une centaine de guinées d’or. » Pour compléter cet inventaire révélateur des exploits d’un brigand de cette époque, il convient d’ajouter que la police ne tardait pas à acquérir la preuve qu’aucune de ces annotations n’était mensongère et qu’elles répondaient toutes à quelque méfait à la charge des chouans. En présence de ces actes criminels, les juges ne pouvaient être disposés à la pitié pour les coupables qu’on amenait devant eux. Il fallait de terribles exemples et d’inexorables répressions. Bonaparte les attendait de leur fermeté. Lors du procès Rivoire, l’année précédente, il avait prouvé qu’il punissait la faiblesse des juges aussi sévèrement que le crime lui-même, quand ils hésitaient à venger les lois outragées.

On peut s’expliquer maintenant en quelles dispositions le tribunal spécial de Tours aborda ce procès. Dans l’affaire qui lui était soumise, il s’en fallait que les circonstances fussent présentées aussi clairement qu’elles viennent de l’être, à la lumière des pièces officielles.