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était seule à reconnaître Charles-Marie Leclerc. Quant au chirurgien Petit, il s’obstinait à ne reconnaître personne. Il se contentait de faire remarquer que les auteurs du rapt ne s’étaient présentés à lui que le visage couvert.

M. Clément de Ris aurait pu sans doute éclaircir le mystère. Au moment de l’enlèvement, il avait vu les traits des bandits. Mais il se retranchait derrière sa qualité de sénateur pour refuser de comparaître. Il ne figura dans l’instruction et au procès que par d’insignifiantes notes écrites. Sa femme et son fils observaient la même attitude. Les libérateurs de Clément de Ris, dont on attendait la lumière, Bourmont, La Poterie, Sourdat, Robert Couteau, Salaberry ne parurent pas davantage. Ils étaient incarcérés ou fugitifs.

C’est dans ces conditions qu’à la fin de juin 1801 cette ténébreuse instruction fut close. Charles-Marie Leclerc, Leménager, de Canchy, de Mauduisson, Aubereau et Gaudin étaient renvoyés devant le tribunal spécial comme accusés principaux, les époux Lacroix et Jourgeron comme complices. Les ordres adressés de Paris aux autorités judiciaires d’Indre-et-Loire insistaient sur l’obligation qui s’imposait au tribunal de rester sourd aux idées de clémence et de se montrer impitoyable dans l’application des peines. L’audace croissante des rebelles dans le Midi et dans l’Ouest, leur entente persévérante avec les émigrés réfugiés en Angleterre, le rôle louche des Anglais dans ces complots incessants ne permettaient pas l’indulgence. Sur divers points du territoire, des bandes formées de chouans et de déserteurs continuaient à compromettre la sécurité des routes.

Au moment même où allait commencer le procès des individus accusés d’avoir organisé l’enlèvement de M. Clément de Ris, le Journal de Paris, dans son numéro du 9 juin 1801, après avoir constaté qu’en moins de six