Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’Ébeaupinais, aux abords duquel on avait trouvé des armes, et enfin le fermier de ceux-ci, Jourgeron. C’est dans la ferme du Portail – exploitée par ce dernier – que M. Clément de Ris avait été séquestré.

Sur des attestations si formelles, ces divers individus furent successivement arrêtés, à l’exception de Renard, qu’on ne voit pas figurer parmi eux, soit qu’il se fût enfui, soit qu’en ce qui le concernait l’accusation de Gondé eût été reconnue fausse. En revanche, en dehors de ceux qu’avait désignés celui-ci, la police s’empara d’un médecin, Leménager, et de Charles-Marie Leclerc, de Néac (Gironde). Leménager fut signalé par l’un des domestiques de M. Clément de Ris comme ayant pris part à l’enlèvement ; Charles-Marie Leclerc fut arrêté à Poitiers. Son passeport était irrégulier. Dans sa valise, on trouva un costume de hussard. Interrogé, il se déconcerta. Sans qu’aucune allusion eût été faite aux soupçons qui pesaient sur lui, il déclara qu’il était innocent du crime dont les auteurs étaient recherchés. Amené à Tours, il fut mis en présence de Mme Bruley, l’amie de Mme Clément de Ris, qui déclara formellement le reconnaître.

Le fermier Jourgeron et sa femme confirmèrent les dires de Gondé, en ce qui touchait le ménage Lacroix. Lacroix leur avait donné l’ordre de recevoir et de garder M. Clément de Ris. Mme Lacroix apportait elle-même, tous les jours, à la ferme du Portail, la nourriture destinée au prisonnier. La divulgation de cette circonstance détermina son arrestation. Elle fut envoyée à Paris, conduite devant Fouché et, après un interrogatoire auquel il présida lui-même, enfermée au Temple. Depuis plusieurs semaines, son mari se cachait. En apprenant la grave mesure prise contre elle, il sortit de sa retraite, partit pour Paris et alla la réclamer. La police écouta ses réclamations et le garda.