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devait avoir pour objet de reprendre au sénateur des papiers compromettants pour Fouché, ces papiers repris, tout était dit et la séquestration devenait un crime inutile. De ces considérations, il faut conclure qu’il n’y eut autre chose en cette affaire qu’un vol à main armée, suivi de rapt, auquel, comme à beaucoup d’autres forfaits de la même époque, ceux qui l’avaient effectué tentèrent de donner une physionomie politique. Ce n’était pas la première fois que pareil événement se produisait. Ce ne devait pas être la dernière.

Au surplus, il est à remarquer que la conduite de Fouché ne révéla aucune hésitation dans la recherche des coupables. On a raconté que Bourmont avait posé comme condition à son concours qu’il leur serait fait grâce et que cette condition Fouché y avait souscrit. Son attitude ultérieure dément de tous points cette promesse ou prouve tout au moins que s’il l’avait faite, il ne crut pas courir un danger en renonçant à la tenir. Aussitôt après la délivrance de Clément de Ris, il écrivait au préfet d’Indre-et-Loire :

« Vos inquiétudes sur le sort du sénateur Clément de Ris vous ont déterminé d’abord, citoyen préfet, à suspendre les sévérités contre les complices et partisans de l’attentat commis sur sa personne. Vous aviez à leur égard des renseignements dont vous m’avez déclaré que vous feriez usage aussitôt que le sénateur serait en sûreté. Je vous charge et vous prescris formellement de me faire connaître tout ce que vous avez découvert et les mesures que vous avez prises pour atteindre tous ceux qui ont participé directement ou indirectement à ce brigandage.

« La déclaration du citoyen Clément de Ris, reçue par l’officier de gendarmerie, vous donne des indications qu’il est de votre devoir d’approfondir, afin qu’aucun