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soit dit qu’il fit part de cette circonstance au faux ou au vrai La Poterie

C’est à ce procès-verbal qu’il faut se reporter si l’on veut connaître les détails complémentaires de l’enlèvement de M. Clément de Ris. Sa déposition, rapprochée de celles du postillon et du chirurgien Petit, permet de le suivre en quelque sorte heure par heure, durant les dix-neuf jours que dura sa captivité.

Le chirurgien l’a quitté, comme on l’a vu, dans la nuit du 24 au 25 septembre, emportant la lettre destinée à Mme Clément de Ris et exigeant 50,000 francs. Après son départ, le prisonnier reste seul dans son cachot, étroitement gardé par l’homme au voile noir. Celui-ci a dépouillé l’uniforme de hussard, qu’il portait au moment de l’enlèvement. Il est maintenant vêtu d’une grosse veste en drap brun, avec une grande pièce au coude droit et d’un pantalon de même couleur, dont les extrémités sont enfoncées dans des demi-bottes. Quand il s’éloigne, il est remplacé par un individu qui évite lui aussi de se laisser voir et qui, trois fois par jour, apporte au prisonnier sa nourriture composée de pain, de soupe et d’œufs. Il la lui glisse sous la trappe, qui ferme l’entrée du caveau. Une fois le prisonnier parvient à l’apercevoir. Il constate que c’est un paysan, âgé d’environ quarante ans, avec une barbe noire et une blouse blanche. À diverses reprises, il se plaint à lui des traitements dont il est l’objet. L’homme se montre compatissant, l’exhorte à la patience, lui fait espérer la fin prochaine de ses maux. L’autre brigand lui tient ordinairement le même langage. Mais il y mêle souvent des menaces. Il lui dit notamment que, si sa rançon n’est pas payée, il mourra. Un soir, cet individu se présente à lui, ainsi qu’il l’a fait une fois, avec ce qu’il faut pour écrire, et l’oblige à signer un billet de