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aggravés par sa disparition subite. S’il n’avait rien à se reprocher, pourquoi s’était-il enfui, avant même qu’on l’eût inquiété ? La police croyait tenir la bonne piste et tout lui faisait croire qu’elle ne se trompait pas.


III

On était arrivé ainsi au 10 octobre.

Dans la soirée de ce jour, à Loches, vers dix heures, le sous-préfet, M. Lemaître, le chef d’escadron Boisard, commandant la sixième division de gendarmerie, et le lieutenant Paultron rentraient en ville, après avoir, depuis le matin, parcouru la forêt et les environs, à la recherche du sénateur, quand ils rencontrèrent quatre cavaliers lancés comme des gens qui ont hâte de toucher au terme de leur course. Le lieutenant les interpella. Au nom de la loi, il les somma de s’arrêter, ce qu’ils firent aussitôt. Invités à exhiber leurs papiers, ils descendirent de cheval et suivirent les représentants de la loi dans l’hôtel de la sous-préfecture, devant lequel la rencontre avait eu lieu. Là, après avoir déclaré qu’ils arrivaient de Montrichard, chacun d’eux présenta son passeport, le premier au nom de Arthur Guillot de La Poterie, le second au nom de Robert Couteau, le troisième au nom de Carlos Sourdat, et le quatrième au nom de Charles Salaberry.

Sur ces passeports, visés la veille par le préfet d’Indre-et-Loire, les personnages étaient qualifiés négociants. Mais leurs armes, leurs allures contredisaient si formellement cette qualification que le sous-préfet la contesta. Ils avouèrent alors qu’ils étaient envoyés de Paris par