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botte de paille. Au matin, leur gardien est revenu pour leur donner à manger. Il leur a permis de laisser la trappe levée. Durant toute la journée, ils ont été gardés à vue, tantôt par l’homme au voile noir, tantôt par un paysan également voilé. À la tombée de la nuit, le premier s’est présenté, portant une chandelle, une plume, du papier et de l’encre. Il a contraint M. Clément de Ris à écrire à sa femme une lettre pour lui demander les cinquante mille francs dont devait être payée sa mise en liberté. Cette lettre écrite, le chirurgien Petit a été averti que c’était lui qu’on chargeait de la remettre à destination. Séance tenante, on lui a bandé les yeux et il s’est mis en route tenu par le bras. Il a fait ainsi une lieue environ. Son compagnon s’est alors éloigné. Il a ôté son bandeau. Il était sur la lisière de la forêt de Loches. Huit heures ont sonné au clocher d’un village. Il a reconnu la sonnerie de l’horloge de Montrésor. »

Après ce récit, on ne pouvait plus douter du but que s’étaient proposé les auteurs de l’enlèvement. C’est à la bourse de M. Clément de Ris qu’ils en voulaient. Au point de vue de sa sûreté personnelle, c’était presque rassurant. Savary fut d’avis que le payement qu’ils avaient exigé ne devait pas être différé. C’était aussi l’opinion de Mme  Clément de Ris. Elle avait hâte de compter la somme, espérant qu’aussitôt après son mari lui serait rendu. Quant à Savary, il se préoccupait déjà de tendre un piège à l’individu qui viendrait recevoir l’argent. Il engageait Mme  Clément de Ris à le verser en écus, le versement sous cette forme devant exiger un temps assez long pour permettre aux gendarmes de cerner les voleurs et de se saisir d’eux. Au jour fixé, Mme  Clément de Ris se présentait devant l’hôtel des Trois-Marchands, à Blois. Elle avait dans sa voiture cinquante sacs de mille francs. Un individu s’approcha