— Vous n’êtes pas malade, au moins, M. Maugendre.
— J’ai pris un mauvais froid. »
Il parlait lentement, presque bas.
La peine l’avait adouci.
Il conta qu’il allait quitter le pays pour aller vivre au fond de la Nièvre.
— C’est fini ; je ne ferai plus le commerce.
Je suis riche maintenant ; j’ai de l’argent, beaucoup d’argent.
Mais à quoi bon ?
Je ne peux pas racheter le bonheur que j’ai perdu. »
François écoutait, les sourcils froncés.
Maugendre continua :
— Plus je vieillis, plus je souffre d’être seul.
Autrefois, j’oubliais encore en travaillant ; mais, à présent, je n’ai plus le cœur à la besogne.
Je n’ai plus de goût à rien.
Aussi je vais me dépatrier, ça me distraira peut-être. »
Et, comme malgré lui, ses yeux se tournaient vers les enfants.
À ce moment Victor et Clara débouchèrent de l’avenue avec leur charge de ramée.
En apercevant Maugendre, ils jetèrent leurs fagots et coururent à lui.
Il les accueillit amicalement comme toujours, et dit à Louveau, qui restait sombre :