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ceci de la duchesse… » s’appuyant des plus grands noms, des illustrations de tout genre, choyé de toutes ces dames qu’il met au courant des intrigues académiques, diplomatiques, littéraires et mondaines, intime de Danjou qui le tutoie, familier du prince d’Athis avec qui il est entré, traitant Dalzon de haut en bas, aussi le jeune critique de Shelley, enfin doué d’une autorité, d’une puissance que je ne puis m’expliquer.

Dans le fatras d’anecdotes qu’il tirait de ses inépuisables bajoues, pour la plupart des charades à mon ingénuité provinciale, une seulement m’a frappé : l’aventure d’un jeune garde-noble, le comte Adriani, qui, traversant Paris avec son oblégat pour porter à je ne sais qui la barrette et la calotte cardinalices, aurait oublié ces deux insignes chez une belle de nuit rencontrée dans la gare même au saut du vagon, et dont le pauvre garçon, éperdu dans Paris, ne savait ni le nom, ni l’adresse. Le voilà obligé d’écrire à la cour de Rome pour remplacer les deux coiffures sacerdo-