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Midi.

À l’Institut, chez mon bon maître, où j’attendrai le résultat du vote… Est-ce une idée ? Il me semble que mon arrivée, annoncée pourtant, a dérangé quelque chose ici. Nos amis achevaient de déjeuner. Un remue-ménage, des portes jetées, Corentine, au lieu de m’introduire au salon, me poussant dans les archives où mon maître m’a rejoint, l’air gêné, parlant bas, me recommandant la plus grande réserve, et si triste !… Aurait-il de mauvaises nouvelles ?… « Non… non, mon cher enfant… » puis une poignée de mains : « Allons, bon courage… » Depuis quelque temps le pauvre homme n’est plus le même. On le sent débordant de chagrin, de larmes qu’il refoule. Quelque peine secrète et profonde où ma candidature n’est pour rien ; mais dans mon état d’esprit…

Plus qu’une heure d’attente. Je me distrais à regarder, de l’autre côté de la cour, par la grande baie vitrée de la salle des séances, des files de bustes d’académiciens. Est-ce un présage ?