gonfle à la première rencontre. Il ajouta, ne croyant pas si bien dire : « Une frime, vous savez, leur querelle de jeu… C’est pour une femme…
— Le duel… vous croyez ? »
Il fit signe de la tête : « J’en suis sûr ! » et, ravi de sa prodigieuse astuce, s’occupa de la table qu’il éblouit de mots, d’anecdotes dont il arrivait toujours pourvu comme d’un petit feu d’artifice de poche. À ce jeu, Paul Astier n’était pas de force ; et la sympathie féminine revint vite à l’illustre causeur, surtout quand il eut annoncé que son dénouement étant trouvé, sa pièce finie, il la lirait au salon pendant les heures de chaleur. Il n’y eut qu’un cri de toutes ces dames pour acclamer cette diversion rare à la monotonie des journées ; et quelle aubaine pour ces privilégiées, déjà si fières de leurs lettres datées de Mousseaux, d’envoyer à toutes les bonnes amies absentes le compte rendu d’une pièce inédite de Danjou, lue par Danjou lui-même, puis de pouvoir dire cet hiver, au moment des répétitions : « La pièce de Danjou ! je la connais, il nous l’a lue au château. »
Comme on quittait la table dans l’effervescence de cette bonne nouvelle, la duchesse s’approcha de Paul Astier et, lui prenant le bras avec sa grâce un peu despotique : « Un tour de galerie… on étouffe… » L’air était lourd, même à ces hauteurs