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à l’auteur l’ombreuse allée à suivre : « Cherchez votre dénouement, moi, je rentre… » Il restait sur place, déconcerté, la regardant partir de sa belle démarche à jambes longues, si tentante.

« Pas même comme zèbre ?… » demanda-t-il plaintivement.

Elle se retourna, ses noirs sourcils rejoints : « Ah ! oui, c’est vrai… Le poste est vacant… » Elle songeait à ce Lavaux, à ce bas subalterne à qui elle avait fait tant de bien… Et sans rire, d’une voix lasse : « Comme zèbre, si vous voulez… » Puis elle disparut derrière un bosquet de roses jaunes, superbes, trop épanouies, dont le premier souffle un peu vif allait éparpiller les grappes.

C’était déjà bien beau qu’elle l’eût écouté jusqu’au bout, la fière Mari’ Anto ! Jamais probablement aucun homme, pas même son prince, ne lui avait parlé sur ce ton. Plein d’espoir et d’entrain, secoué par les belles tirades qu’il venait d’improviser, l’auteur dramatique ne fut pas long à trouver sa dernière scène. Il remontait pour l’écrire avant le déjeuner, quand il s’arrêta, saisi de voir entre les branches les fenêtres du prince large ouvertes au soleil. Pour qui ? À quel favorisé faisait-on l’honneur de cette installation somptueuse et si commode, avec ses ouvertures sur la Loire et sur le parc ? Il s’informa, se rassura. C’était pour l’architecte de madame la duchesse,