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un Galilée par Astier-Réhu de l’Académie française ; aussi, après avoir de par sa longue expérience reconnu et affirmé l’authenticité du manuscrit, quand l’archiviste apprit que Fage possédait également la réponse du pape Urbain, une lettre de remerciement de Galilée à la reine, d’autres encore, tout à coup surgissait en lui l’idée d’un beau livre d’histoire à la place de sa « petite drôlerie. » Mais en même temps, pris d’un scrupule d’honnête homme sur l’origine de ces documents, il regarda l’avorton bien en face, scruta, avec autant de minutie que pour une pièce autographique, ce long visage blafard aux paupières rougies et clignotantes, puis, dans un sévère claquement de mâchoire, interrogea : « Ces manuscrits sont-ils à vous, monsieur Fage ?

— Oh ! non, cher maître… » Il n’était, lui, que l’intermédiaire d’une personne… une vieille demoiselle noble, forcée de se défaire pièce à pièce d’une très riche collection, dans sa famille déjà du temps de Louis XVI. Encore n’avait-il voulu s’entremettre qu’après l’avis d’un savant illustre et intègre entre tous ; maintenant, fort de l’approbation du maître, il comptait s’adresser à de riches collectionneurs, au baron Huchenard, par exemple. Astier-Réhu l’interrompit : « Inutile ! apportez-moi tout votre fonds Galilée. J’en ai le placement. » Du monde arrivait, s’installait aux petites tables,