Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sarclait, émondait, veillait à ce qu’il n’y en eût pas, à ce qu’il n’y en eût pas du tout, préparait encore une seconde édition de sa Maison d’Orléans, enrichie de nouvelles pièces inédites qui en doublaient la valeur. Le monde se fait vieux ; l’histoire, — cette mémoire de l’humanité, soumise comme telle à toutes les maladies, lacunes, affaiblissements de la mémoire, — doit plus que jamais s’appuyer de textes, de pièces originales, se rafraîchir, remonter aux sources sous peine d’erreur ou de radotage. Aussi quelle fierté pour Astier-Réhu, quelle douceur, en ces brûlantes journées d’août, de relire sur les bonnes pages cette documentation si sûre, si originale, avant de les retourner à l’éditeur Petit-Séquard, avec l’en-tête où figurait pour la première fois au-dessous de son nom : « Secrétaire perpétuel de l’Académie française. » Un titre auquel ses yeux n’étaient pas encore faits et qui l’éblouissait chaque fois, comme la cour toute blanche de soleil devant ses fenêtres, l’immense seconde cour de l’Institut, recueillie, majestueuse, à peine traversée de quelques cris de moineaux et d’hirondelles, solennisée par un buste en bronze de Minerve, et ses dix bornes alignées contre le mur du fond que dominait la gigantesque cheminée d’appel de la Monnaie toute voisine.

Vers quatre heures, quand le buste commençait