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tères, montât faire à la femme du secrétaire perpétuel une courte visite intéressée. C’est à des hospitalités de ce genre que Mme Loisillon devait son poste actuel de directrice, et Mme Astier ne serait certainement pas plus maladroite qu’elle à tirer parti du « petit endroit. » Une seule chose gênait son triomphe du moment : sa brouille personnelle avec la duchesse, qui l’empêchait de rejoindre Paul à Mousseaux. Mais une invitation arrivait à point de Clos-Jallanges pour la rapprocher de son fils par le voisinage des deux châteaux, et elle espérait peu à peu rentrer en grâce auprès de la belle Antonia, pour qui elle se sentait redevenir toute tendre en la voyant si bonne avec son Paul.

Léonard, retenu à Paris par son service, la besogne de Loisillon de plusieurs mois en retard, laissa partir sa femme, promettant d’aller passer quelques jours auprès de leurs amis, bien décidé, en réalité, à ne pas s’éloigner de son cher Institut. On y était si bien, si au calme ! Deux séances par semaine pour lesquelles il n’avait que la cour à traverser, séances d’été, intimes, familières, à cinq, six « jetonniers » somnolant sous le chaud vitrage. Le reste de la semaine, liberté absolue. Le laborieux vieillard en profitait pour corriger les épreuves de son Galilée enfin terminé, prêt à paraître à l’entrée de la saison. Il