teur de la tente et exagérant dans ce buste du plâtre la musculature violente qui donne aux œuvres de Védrine, en horreur du léché, l’aspect incomplet, limoneux, préhistorique d’une belle oeuvre encore dans sa gangue ; pourtant, à mesure qu’il regardait et comprenait mieux, l’immense statue dégageait pour lui cette force irradiante et attractive qui est le beau dans l’art.
« Superbe ! » dit-il, l’accent convaincu. Et l’autre clignant ses yeux d’un bon rire :
« Pas à première vue, hein ? Il faut s’y faire, à ma sculpture, et j’ai bien peur que la princesse, quand elle va voir cet affreux bonhomme… »
Paul Astier devait la lui amener dans quelques jours, une fois tout raboté, poli, prêt à partir pour la fonte ; et cette visite l’inquiétait, car il connaissait le goût des femmes du monde, il entendait au salon, les jours à cent sous, ce jabotage en clichés qui court le long des Halles et s’ébat à la sculpture. Ce qu’elles mentent, ce qu’elles se forcent ! il n’y a de sincère que leurs toilettes de printemps étrennées pour ce Salon qui leur donne l’occasion de les montrer.
« D’ailleurs, mon gros, continuait Védrine en entraînant son ami hors de l’atelier, de toutes les grimaces parisiennes, de tous les mensonges de société, il n’y en a pas de plus effronté, de plus comique que l’engouement pour les choses d’art.